Rencontre avec Kévin Barata, lauréat du Prix Spécial Hauts-de-France aux TheFork Awards 2023
Depuis 2019, les TheFork Awards révèlent et soutiennent une nouvelle génération de chefs partout en France. La participation croissante et l’investissement toujours plus important des chefs étoilés à travers la découverte et le parrainage de talents émergents a permis, cette année encore, de célébrer et d’encourager les grands de demain. Mais ce prix n’existerait pas sans le grand public et la communauté TheFork qui s’expriment à travers leur vote final, du jamais vu dans un prix gastronomique !
Pour sa quatrième édition, les TheFork Awards ont mis le cap sur les Hauts-de-France, labellisés Région Européenne de la Gastronomie. Le rendez-vous était donné à l’Opéra de Lille où s’est tenue la cérémonie de remise des Awards lundi 13 novembre dernier. Parrainé par Eugène Hobraiche, le chef Kevin Barata a reçu le Prix Spécial Hauts-de-France pour son restaurant Au Koning Van Peene situé à la lisière du Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale.
Qu’avez-vous ressenti lorsqu’on vous a remis cet Award ?
Beaucoup d’émotion et de fierté ! Si on remporte ce trophée, c’est grâce à notre clientèle, celle qui nous suit depuis le début. C’est maintenant à nous de leur rendre la pareille et de continuer à progresser.
Est-ce que le fait d'être nommé et la remise de cet Award ont eu un impact sur les réservations de votre restaurant ?
Avant toute chose il faut savoir qu’on est un peu des outsiders… notre restaurant se situe dans un petit village, on a peu de followers sur les réseaux sociaux et donc, peu de visibilité. Je pense que tout ça a joué au moment des votes. Quand on a été nommé, on a constaté une petite augmentation des réservations qui s’est renforcée après avoir reçu ce prix. Depuis, on le ressent surtout les midis en semaine, on a beaucoup plus de monde qu’avant alors que c’était un créneau relativement calme jusqu’à présent.
Quel est votre lien avec votre parrain Eugène Hobraiche ? On lui transmet un petit mot de votre part ?
C’est une grande fierté d’avoir été nommé par Eugène. C’est déjà énorme de savoir qu’il approuve notre cuisine et notre environnement. Au-delà d’être un Chef gastronomique, c’est un humain magnifique, une personne avec qui on peut parler de tout. Il reste accessible pour sa communauté ainsi que pour les gens des Flandres en général. Je pense qu’avec nous il s’est vu 15 ans en arrière au moment où, partant de rien, il ouvrait son restaurant avec sa femme. Et finalement tout ce qui nous arrive aujourd’hui, c’est un peu grâce à lui…
Et vos clients, s’ils étaient en face de vous en ce moment, vous leur diriez quoi ?
Mille mercis, sans vous, on n’en serait pas là aujourd’hui. On va continuer à travailler, à progresser, à vous régaler et à vous faire découvrir de nouvelles choses tout en restant créatifs. Un titre comme celui-ci, c’est fort pour un restaurateur.
Quelle est votre histoire et celle de votre resto ? On veut tout savoir !
Ma femme n’est pas du métier tandis que moi, je travaille en cuisine depuis que j’ai 16 ans. On a eu le déclic pendant le confinement quand elle m’a proposé d’ouvrir un restaurant. On a visité cet endroit et le charme a tout de suite opéré. Je dois avouer que la localisation nous a fait un peu peur, c’est l’un des derniers villages de France qui compte pas plus de 500 habitants et très peu de passage... On a tout de même pris le risque de vendre tout ce qu’on possédait pour pouvoir nous installer. Cela va bientôt faire deux ans, nous sommes encore là et les gens sont de plus en plus nombreux à venir nous voir donc le bilan est positif !
Quels enjeux pour un restaurateur d’ouvrir une table dans un village de 500 habitants ?
Au départ, personne n’y croyait. Le territoire des Flandres concentre surtout des estaminets donc il faut y croire pour que les gens viennent jusqu’ici pousser la porte du restaurant. On a de la chance, nos clients sont contents et reviennent nous voir, ils en parlent autour d’eux et on bénéficie d’un bouche à oreille très fort. On est le seul commerce du village donc on doit se donner à fond pour garder le restaurant ouvert le plus longtemps possible.
Comment définissez-vous votre cuisine, qu’est-ce qui claque dans vos assiettes ?
Je prête beaucoup d’attention aux dressages car je pense qu’avant de manger un plat, on doit en apprécier le visuel. Nous changeons de carte tous les mois et proposons une cuisine créative, conviviale et de partage, c’est très important. Pendant le service, on remarque que les convives échangent leurs assiettes pour goûter à tout. On veut que notre restaurant soit un lieu de partage, on reste humbles et naturels aussi bien dans l’assiette qu’en salle.
Quel est votre meilleur souvenir gustatif ?
J’ai pris une claque à La Grenouillère, le restaurant d’Alexandre Gauthier. C’est un endroit magnifique. On a assisté à un ballet d’opéra en salle tandis que dans l’assiette, chaque bouchée était mémorable. C’était magique. Le Chef est très accessible, on a discuté pendant presque une demie heure après le repas et il m’a offert la version actualisée de son livre. C’est la plus grande claque que j’ai prise, je pense qu’il sera difficile à détrôner.
À propos de Kévin Barata :
Le Chef Kevin Barata et sa compagne Lucile Prevost ont élu domicile à Zuytpeene, un petit village des Flandres de 500 habitants. Le décor chaleureux et cosy (briques de la région, plafond aux poutres apparentes, fauteuils en cuir marron et fleurs séchées) invite à la décontraction pour déguster l'une des délicieuses assiettes du chef. Formé auprès de grands noms de la cuisine, Kevin Barata concocte une cuisine généreuse et créative.
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